Extraits d’une entrevue réalisée par Alain Berson pour un diaporama intitulé 3 Photographes, Cégep Montmorency 1985.

« Pour moi la photographie, ça a d’abord été une espèce de moyen de contact avec les gens. C’est devenu un moyen de communication quand j’ai choisi de faire un livre, et ça a été Les Patenteux. Les patenteux, on les a appelés comme ça parce que ce sont eux-mêmes qui s’appelaient comme ça. On s’est mises au service de gens qui étaient créateurs.

« J’étais là, partie prenante dans toutes les manifestations. Et j’aimais beaucoup être collée sur les gens, les entendre, les sentir. Il y avait beaucoup de créativité souvent dans la création de bannières, de pancartes, de slogans, de chansons. Il y avait des manifestations collectives qui revendiquaient des choses, mais qui étaient aussi l’occasion de réjouissances. Il y avait toujours une ambiance assez fébrile de fête que je trouvais intéressante. »

« Je pense que quand tu vois quelqu’un qui s’offre en spectacle, soit en se déguisant, en se maquillant, en faisant une action spectaculaire où il va projeter une fantaisie, projeter des rêves, une émotion qu’il ne pourrait pas traduire dans la vie quotidienne, dans la vie de tous les jours, ça me plaît, ça me touche. Quand j’ai commencé à faire des photos dans les fêtes populaires, je me suis rendu compte qu’il fallait que je photographie sans demander pour ne pas perdre la spontanéité des gens.»

« J’ai fait des mises en scènes pour des photos-romans. Tout ce travail-là me plaisait beaucoup. Parce qu’il y avait un travail, d’abord, de conception avec les comédiens, qui étaient aussi de vrais travailleurs. Et la conception était très facile parce que c’était dans leur environnement. Ils posaient des gestes de la vie quotidienne. » Sur la photo: Sophie Bissonnette et Éliette Aubin.

« Je ne suis pas puriste par rapport à la photo. Ça ne me fait absolument rien que mes photos soient découpées, montées, en superposition avec d’autres photos. J’ai toujours fait mes photos en sachant qu’elles pouvaient être transformées pour les besoins de la mise en page. »
Sur la photo : Chatouille et Francine Tougas.

« Les plus belles photos, à mon avis, celles que je retiens de moi, sont les photos où j’ai éprouvé une émotion, où il y a eu de la communication entre les gens que j’ai photographiés et moi. Ce n’était pas fait pour être exposé. C’était évident que c’était fait pour être montré par contre. J’ai toujours cherché à montrer ce que j’avais fait… »